Un peu moins terrifiant... ( PV Elizabeth )

Ayant suivi de pres Elizabeth et lui ayant abandonne de bon gre sa main, Sarah s'etait laisse guidee a travers les couloirs tous plus angoissants les uns que les autres a ses yeux. Enfin, les deux jeunes femmes finirent par arriver devant une nouvelle porte que son guide ouvrit avec simplicite et rapidite. Au grand etonnement de la fille apeuree, elles se retrouverent alors au milieu d'un endroit rempli de vegetation et de lumiere. Sans se controler, Sarah se mit a courir vers le centre de l'espece de petite clairiere les bras etendus et s'offrant quelques instants a la lumiere, se sentant renaitre. Inspirant de grandes goulees d'air, la mutante avait l'impression de renaitre, et son moral grimpa en fleche pendant un moment avant de se rendre compte... qu'elle etait toujours prisonniere.
Elle se retourna lentement vers Elizabeth et finit par s'asseoir par terre, ses bras entourant ses genoux recroquevilles contre sa poitrine. S'eclaircissant de nouveau la gorge, Sarah murmura :

" Qui est l'autre mutant... comme... moi ? "

Elizabeth sourit en voyant la réaction de Sarah quand elles arrivèrent dans le jardin. Ça faisait plaisir à voir. Sarah semblait se sentir bien plus à l’aise ainsi, hors de l’établissement. Elle vint rejoindre Sarah dans le jardin s’asseyant non loin de celle-ci.

« Il s’appelle Akim. Il a passé quelques jours à l’infirmerie quand il est arrivé ici, après l’explosion du premier Tnatum. Il n’aime ni les foules, ni les endroits clos. J’avoue que je ne sais pas trop pourquoi, mais il doit avoir ses raisons. Je n’ai pas osé lire ses pensées pour le savoir. C’est malpoli… quoi qu’en même temps, on a eu du mal à le mettre à l’aise. L’infirmerie est bondée depuis l’explosion. Il ne sort pas souvent de sa chambre, je pourrai t’y conduire, si tu le désires. Il est peureux, mais très sympathique. »

Eli soupira faiblement, songeant que rencontrer des gens ne pourrait faire que du bien à Sarah.

« Est-ce que… je t’ai expliqué ce qu’est Tnatum? Je… je ne souviens pas si je l’ai fait ou non. Et si jamais tu as besoin d’aide pour quoi que se soit, n’hésite pas à venir me voir, d’accord? Je me ferai un plaisir de t’aider. »

La jeune mère sourit. Sarah semblait se sentir mieux et cela rendait Elizabeth plus à l’aise. Un Mutant, même du secteur A, pouvait toujours perdre le contrôle de ses pouvoirs, durant un moment de panique, après tout.

La tête penchée légérement sur le côté, Sarah écoutait attentivement Elizabeth lui parler de ce mutant qui semblait tellement lui ressembler. Un sourire, au départ timide, apparut sur son visage, qui s'affirmait au fur et à mesure que son interlocutrice parlait. Bien que le fait de rencontrer encore de nouvelles personnes - perspective assez effrayante pour une solitaire comme elle - l'inquiétait encore un peu, ce jeune homme paraissait être le plus à même de comprendre ce qu'elle-même ressentait. Si en plus ses frayeurs ne le départissaient pas de son caractére sympathique... un repére auquel l'on pourrait s'accrocher, en quelque sorte.
En revanche, la courte joie que put éprouver pendant quelques instants Sarah se dissipa rapidement à l'énoncé du titre de ce bâtiment qui ne lui disait rien qui vaille : Tnatum.

" De toute maniére, je... je ne veux pas rester ici... je réussirai bien à partir à un... moment ou à un autre. "

Progressivement, la jeune fille éprouvait de moins en moins de difficulté à retrouver l'usage de la parole, ses cordes vocales se déliant au fur et à mesure que la multiplicité de ses phrases avancait. Son visage se détendit lorsqu'il se tourna de nouveau vers Elizabeth.

" Je te remercie de ta... gentillesse. Quand est-ce que je pourrais voir ce... celui qui me ressemble ? "

« Partir? C’est impossible… beaucoup de Mutants ne seraient plus, s’il nous était possible d’une quelconque façon de fuir. Si on tente de fuir… on peut être très sévèrement puni pour cela. C’est dangereux de faire une telle… et même si tu arrivais à trouver une faille à ce Tnatum, et que tu arrivais à arriver dans une ville, les traqueurs te rattraperont. Et puis… être ici, c’est parfois mieux que n’importe où où la vie est pire. »

Elle aurait préféré lui dire le contraire, mais mieux valait ne pas mentir et lui faire prendre en compte les risques d’une fuite. Sarah n’était pas idiote, elle comprendrait que partir d’ici n’était pas facile.
Pour le moment, vouloir tenter de fuir était plutôt suicidaire. Il valait mieux attendre de découvrir une faille dans le système qui empêchait les Mutants de prendre la poudre d’escampette sans se faire surprendre.

« Tu pourras le voir quand tu voudras, rien ne t’empêche d’aller cogner à sa porte de chambre. »

[Pardon, mon post est nul TT_TT ]

La déception assombrit un moment le visage de la jeune fille. Impossible ? Mais elle avait toujours réussi à s'évader de n'importe où ailleurs. Cependant, elle devait bien s'avouer que cette nouvelle prison avait tout du bastion imprenable, et où personne ne sortait et ne rentrait comme dans un moulin. Une subite envie de pleurer la prit à la gorge, mais Sarah réussit à se contrôler et ne laissa pas les larmes couler. Après tout, elle n'était pas seule ici. La solitude c'en serait fini... mais à quel prix ? Vivre en communauté contre la liberté. Mais ne disait-on pas également que c'est au milieu des gens que l'on se sent le plus seul ? Inspirant un bon coup, la mutante jeta un regard reconnaissant à Elizabeth. Non, elle resterait ici. Il le fallait bien...
Revenant à son compatriote coincé comme elle dans ce monde étranger où le fer et le sang semblaient régner en maître malgré l'espéce d'eden dans lequel les deux jeunes femmes étaient réfugiées, la jeune femme réalisa qu'à la simple pensée de rencontrer quelqu'un d'autre, la timidité la reprenait... ainsi que sa témérité. Car les défis, elle connaissait. A ses risques et périls, combien de fois avait-elle joué avec sa vie ? Avec succés. Elle s'était bien adaptée à Elizabeth aprés tout ? Et l'éventualité de croiser la vie de nouveaux individus était aussi effrayante... qu'exaltante.

" Je le rencontrerais... mais pas maintenant. Pour l'instant, je... "

Plaquant une main sur son estomac, Sarah murmura :

" J'ai faim... "

Elizabeth lui sourit faiblement.

« Tu n’auras qu’à aller le voir quand tu t’y sentiras prête. Il est presque toujours dans sa chambre, de toute façon. Tu ne pourras pas le raté. Par contre… évite de le traiter de monstre en le voyant. Je crois qu’il a été assez secoué comme cela avec l’explosion. Il n’a pas besoin que l’on en rajoute, je pense. Enfin, je te dis cela simplement parce qu’il est légèrement différent, en apparence… »

On lui avait dit qu’Akim était craintif de nature, mais que depuis l’explosion, c’était encore pire que jamais. Bref, il valait mieux éviter de le peiner davantage ou de lui faire du tord au risque qu’il perde le contrôle de ses pouvoirs.

« Tu as faim? Il te faudra attendre l’heure du repas. Ça ne devrait pas tarder. Enfin, je crois. Je ne sais pas trop quelle heure il est. Quand tu as faim, par contre, évite de te faufiler dans les cuisines. Elles sont étroitement surveillées. Et… ne manque pas les heures de repas, sinon, tu devras jeûner. »

Le dernier repas qui avait été servit été du poisson. Elizabeth n’avait pas touché à son assiette. Nathaniel non plus. Garry avait mangé le dessert d’Elizabeth. Elle lui avait donné tout ce qui accompagnait le poisson.

« Je me demande ce que se sera au menu… Enfin, du moment que ce n’est pas encore du poisson, je me contenterai de tout ce que j’aurai dans mon assiette. » se dit-elle, surtout pour elle-même.

Quand elle serait prete... oui... Elle irait. Ce serait un reconfort pour eux deux, peut-etre ? Une lueur brillait soudainement dans la poitrine de Sarah. Mais elle ignorait que cette fameuse lueur qui grandissait d'instant en instant et soutenait tant de gens dans ce monde s'appelait... l'espoir... Espoir d'un futur moins sombre, rendu possible par la rencontre de nouvelles personnes aussi douces et comprehensives que Elizabeth. Un moment donne, le jeune fille se demanda si elle n'etait pas une mere. Car toute cette affection dont elle l'enveloppait, elle, une inconnue, ne provenait peut-etre pas de quelque chose d'anodin... Mais de quelqu'un de particulier. En effet, quoi d'autre qu'un enfant peut nous soutenir et nous aider a trouver un sens a notre vie, quelle que soit situation dans laquelle nous sommes plonges ?

" Le traiter de monstre ? Mais pourquoi ferais-je cela ? "

La bouche legerement entrouverte de surprise, jamais il ne serait venue l'idee dans l'esprit de la mutante de traiter quelqu'un qui lui etait semblable de... monstre. Car il ne fallait jamais se fier a l'apparence. Ses compagnons du monde animal lui avaient appris il y avait longtemps, maintenant... Se controlant et empechant la nostalgie de refaire surface si tot, son sourire chaleureux indiquait a Elizabeth que sa conduite serait exemplaire avec ce jeune homme si interessant a ses yeux.

" Ce n'est pas grave, je peux attendre pour manger. La faim, je connais tu sais. "

Son rire leger retentit, irreel dans un tel endroit.

" Je suivrais toutes les regles. Je n'ai pas envie d'avoir des ennuis, ne t'en fais pas pour moi. Et je ne jeunerais pas vu que je serais parfaitement a l'heure ! Pour une fois que je n'ai pas a me casser les pieds pour trouver de la nourriture ! "

Voir les bons cotes des choses... toujours... C'est souvent cela qui empeche de trop regretter l'amere durete de la vie parfois. Et, surtout, de garder la tete haute face a n'importe quoi et n'importe qui. Abus de fierte ? Non : attitude raisonnable.

" Pour le menu, je ne serais pas difficile en tout cas. Je mange a peu pres de tout. "

« Eh bien… »

Devait-elle le lui dire? Se serait peut-être mieux. Sarah saurait à quoi s’attendre, elle n’aurait donc pas de mauvaise surprise :

« Physiquement, il est assez différent. Il lui manque un bras… et il semble avoir été brûlé sur la moitié de son corps. Il lui manque aussi un œil. Il n’est jamais réellement sortit de chez lui, je crois. Et depuis qu’il est à Tnatum, il semble éviter de croiser des gens. »

Elizabeth était convaincu qu’il n’avait pas eu une vie facile… et qu’il ne supporterait probablement pas le fait d’être vu comme un monstre à cause de ses pouvoirs ou de son apparence physique. Elle rendit son sourire à Sarah :

« Je compte sur toi… Je crois que cela lui fera du bien de rencontrer qui est un peu comme lui. Son apparence physique peut être frappante, sur le coup, mais c’est un jeune homme très gentil. »

Elle se doutait que Sarah devait connaître la faim, mais c’était loin d’être agréable. Enfin, ave un peu de chance, le prochain repas serait délicieux… mais Elizabeth ne se faisait pas d’illusions.

« Comment faisais-tu pour réussir à te trouver de la nourriture? Tu devais vivre… assez seule pour détester autant les foules, non? »

La jeune mère était intriguée par Sarah, par ce qu’elle avait pu vivre avant d’arriver ainsi. Après tout, elle n’avait pas vraiment eu le temps de lire le dossier de la jeune Mutante. Enfin, si elle l’avait lu, Elizabeth n’en avait plus aucun souvenir, ce qui ne serait pas une chose nouvelle chez elle. Depuis qu’elle était arrivée ici, ses pertes de mémoire étaient devenues de plus en plus fréquentes.

L'hesitation marquee d'Elizabeth troubla quelque peu la jeune fille. Son apparence etait-elle si affreuse que cela ? Et puis meme ? Quelle difference ? Cependant, ne faisant pour le moment aucun commentaire hatif, elle avait ecoute avec attention cette fameuse description racontee avec prudence. Un bras en moins...Brule... Un oeil en moins... Hmm, rien de bien folichon. Mais ce ne fut point l'horreur qui envahit Sarah, ni meme le pathetisme : seulement de la profonde compassion. Compassion pour un etre qu'elle ne connaissait pas encore, mais qui lui inspirait deja de la sympathie. Car jamais, au grand jamais, la mutante n'avait juge sur le seul motif de l'apparence physique. C'etait un avantage enorme d'avoir vecu loin de la population, et ainsi, de ne pas se faire pourrir par l'avis populaire : la valorisation du paraitre, cette chose qui empeche les gens de vivre decemment leur vie et qui deviennent de vulgaire instruments pour la societe de consommation n'epargnant aucun sexe, aucun age et aucune maniere de pensee. En quelque sorte, Sarah etait restee pure de cela. Vierge physiquement et mentalement.
Un sourire decide a rassurer fermement Elizabeth se peignit sur son visage :

" J'ai hate de le rencontrer, tu sais. J'ai eu beaucoup de compagnons animaux mutiles. Parfois, je les aidaient comme je pouvais. Et je ne doute pas un seul instant de sa gentillesse. "

La question de son interlocutrice la fit sourire de nouveau. Mais cette fois-ci, c'etait un petit sourire transmetteur de souvenir de la liberte, de fierte, mais aussi quelque peu de tristesse. Cependant, ce fut sans se demonter que la jeune fille repondit :

" Je me nourrissais principalement de fruits, de racines et de poisson. Quelque fois, j'osais m'approcher de quelques villages et je volais un peu de nourriture, mais rien de bien mechant. Pendant un moment, trop habituee a mes amis animaux, je me suis refusee a manger quoi que ce soit qui ressembla un tant soit peu a de la viande. Mais je n'avais pas le choix : sans viande, je devenais trop faible... conclusion, fruits, poissons et racines m'aidaient a survivre. En hiver je volais plus.... c'etait plus dur, tu sais. "

« Je crois… que le simple fait d’être accepté par quelqu’un lui fera le plus grand bien. Enfin, j’espère que tu t’entendras bien avec lui et qu’il te plaira. »

Puis, elle écouta attentivement la réponse de Sarah à sa question. C’était vraiment impressionnant, tout cela! Dire qu’Elizabeth n’avait jamais eu de mal à avoir de la nourriture… Ses parents adoptifs l’avaient toujours très bien nourrit, jamais elle n’avait eu besoin d’aller se chercher de la nourriture ailleurs. Et à Tnatum… eh bien on pouvait manger tous les jours, sauf si le menu ne nous convenait pas ou si on ratait l’heure du repas pour une raison quelconque.
Elizabeth fut parcourut d’un frisson quand Sarah mentionna le poisson. Elizabeth n’osait plus en manger depuis qu’elle avait récupéré Nathaniel qui s’était retrouvé à moitié muté en poisson par le premier directeur de Tnatum, Joseph Tracer. D’ailleurs, aucun de ses enfants ne touchait à ce qui venait de la mer. Pour Nathaniel, c’était comme manger ses semblables et pour le restant de la petite famille, c’était comme manger une partie de Nathaniel.

« Dire que moi, je n’ai jamais eu le moindre mal à avoir de la nourriture. Mes parents adoptifs m’ont toujours bien nourris… Ils ne savaient pas que j’étais Mutante, remarque. Peut-être m’auraient-ils jetés à la porte, s’ils avaient su. Mais je suis arrivée à Tnatum à l’âge de 12 ans… et à moins de manquer un repas, personne ne meurt de faim, ici. »

Enfin, bien entendu, cela incluait que l’on ne finisse pas au cachot… mais c’était une solution plutôt rare, à Tnatum. C’était plus souvent des opérations ou des séances dans la salle d’observation. De quoi devenir complètement fou, à la longue. Surtout que la salle était complètement vitrée. Aucun moyen d’avoir un peu d’intimité. Mais… cela, Sarah était mieux de ne pas le savoir pour le moment. Ça semblait être une fille plutôt sage, donc, elle risquait moins de finir là.

« Où vivais-tu, avant? Pourquoi… si loin des gens? »

Respectant le silence qu'eut Elizabeth, Sarah en profita pour regarder plus attentivement autour d'elle. On voyait bien qu'il s'agissait d'un jardin artificiel. Aucun endroit naturel n'aurait pu réunir dans un même endroit des orchidées, des roses, des dalias, des lilas... ou alors pas en si grand nombre et pas si rapprochés. Mais tout cela restait quand même rassurant à ses yeux, et l'odeur qui se diffusait de cette concentration de pétales et de couleurs multicolores l'apaisaient, ainsi que le léger souffle du vent, presque timide, qui faisait gentiment virevolter ses méches de cheveux rebelles. Elle écoutait en même temps parler sa nouvelle connaissance, lui accordant l'attention nécessaire, et faisant preuve de la même politesse qu'elle avait eu à son égard. Ecoutant sa question, Sarah répondit :

" Avant ? Eh bien, pour être franche, je ne pense pas qu'il y ait jamais eu un : avant chez moi. Je ne me rappelle pas de grand chose de ma naissance, de mes parents... aussi loin que je remonte dans ma vie, mon souvenir a toujours été obsédé par la même et unique chose : être seule, solitaire, tout le temps. Il me semblait presque que j'avait été placée ainsi dans la nature, sans géniteurs. Bien sûr, je sais bien que c'est impossible, mais c'était pour moi la seule conclusion possible à cette absence d'entourage autout de moi.
De toute maniére, je n'aime pas les gens. Je les observais parfois, mais de loin. Certaines fois, je commencais à les aimer : ils m'apprenaient des choses ( indirectement car je les écoutais parler ) et je me suis aperçue que j'aimais beaucoup connaître de nouvelles choses, tu comprends ? Alors je repartais, contente, et je répétais dans ma mémoire tout ce donc je me souvenais de ces courtes leçons. Mais parfois, je voyais des choses qui me répulsaient... de la violence, des hurlements... des coups, même. Vivre dans cette communauté ne m'a donc jamais attiré. Les animaux, ils se battent pour manger, pour un territoire ou pour une femelle, mais cela ne dure pas . Il n'y a ensuite ni jalousie, ni rancoeur... pas comme les hommes... "

La vie de Sarah semblait avoir été assez extraordinaire. Pour la plupart des Mutants, elle l’était, mais bon… Elizabeth avait eu, pour elle-même, une vie assez calme avant d’arriver ici, à Tnatum. Elle espérait que Sarah trouverait son bonheur, ici. Ce n’était pas comme dans la vraie nature, mais c’était tout de même moins artificiel que dans le premier Tnatum. Sarah aurait les champs pour s’amuser… Elizabeth n’avait pas encore trouvé une fin à ces champs… enfin, il était vrai que la dernière fois qu’elle avait essayé de trouver une fin à ceux-ci, elle avait complètement oublié où elle allait.

« On ne peut pas changer la nature de l’être humain, malheureusement… Mais nous ne sommes pas vraiment différents des animaux, si tu veux mon avis. Certains hommes se battent parfois pour une femme, on cherche toujours à installer une barrière afin que le voisin ne vienne pas sur nos terres… Il y a des différences, je suis d’accord, mais l’être humain est encore beaucoup un animal, même s’il veut toujours en dire le contraire. »

Elle sourit un peu tristement avant de soupirer. La jeune mère avait beau dire cela, elle n’aurait probablement jamais pu vivre sans des gens autour d’elle. À vrai dire, c’était un peu cela qui lui avait permis de vivre ici toutes ces années sans devenir folle. Elle ne s’était pas tuée simplement parce qu’elle avait attendu un bébé. Mais bon, Elizabeth n’était pas Sarah et Sarah n’était pas Elizabeth.

« Il n’y a pas toujours de violence, des hurlements et des coups, tu sais… »

Enfin, à Tnatum, violence, hurlements et coups, on pouvait à la poignée si on le désirait… Il suffisait de demander pour avoir! Mais bon, ce n’était pas toujours ainsi partout. Sarah était tombée au mauvais endroit, tout simplement.

Acquiescant vaguement, la jeune fille répondit :

" Tu sais, j'espére bien approfondir ma connaissance du genre humain. Ce sont vraiment des créatures extrêmement étranges je trouve... jamais dans la nature où j'ai vécue je n'ai rencontré un animal aussi bizarre... et je ne me considére pas comme l'un d'eux, même si je leur ressemble. Nous avons certes les même comportements primaires, mais je pense que, dans le monde animalier, le respect est mis en avant, contrairement à l'espéce humaine. Et c'est bien dommage... évidemment qu'il faut des moments de tensions et mêmes des combats ! Quoi de plus naturels ! Mais le repect... c'est essentiel... "

Eludant la derniére remarque de son interlocutrice, Sarah n'y répondit pas. Trop d'ondes mauvaises circulaient dans cet endroit. Elle ne pouvait pas croire qu'on y vivait sereinement, en paix, et sans violence. Il lui faudrait des preuves, et pour l'instant, ce n'était pas réussi...

Les bruits de son estomac affamé la tirérent de ces réflexions moroses... l'heure, d'après Elizabeth , ne tarderait sans doute guére. De toute maniére, le temps qu'elle trouve le lieu où l'on pouvait manger... La mutante se releva un sourire aux lévres :

" Je pense que je vais me mettre en quête de l'endroit où déjeuner. Je te remercie beaucoup de ta sollicitude. J'espére te revoir bientôt. "

La jeune femme acquiesça : effectivement, le respect s’oubliait de plus en plus dans la race Humaine. Même pour les Mutants, le respect était parfois quelque chose d’inconnu. Elizabeth, néanmoins, préférait de loin la présence des êtres humains à celle d’un animal. Elle avait eu beaucoup de mal à accepter Mitaine, le petit tigre offert par Nero et même s’il était ici, à Tnatum, elle l’approchait toujours plus ou moins. Ce n’était pas elle qui devait apprivoiser le tigre, mais le tigre qui devait l’apprivoiser. Enfin, c’était compréhensible comme réaction, quand on se faisait enfermer ici à l’âge de 12 ans et qu’on en avait plus de 20.

« C’est vrai que le manque de respect est flagrant… mais j’imagine que ça pourrait être encore pire. C’est mieux Dehors… ici, nous ne sommes rien pour les scientifiques, donc ce n’est pas ici que le respect est le mieux. »

Elle sourit faiblement, songeant que Sarah méritait mieux que cet endroit pour vivre parmi les êtres humains.

« Oui, bien sûr! Vas manger, moi, je retourne à l’infirmerie. Si tu as besoin de quoi que se soit, j’y passe le plus clair de mes journées, donc n’hésites surtout pas à venir me trouver. J’espère aussi que l’on aura l’occasion de se revoir. Ça m’a fait plaisir de pouvoir te parler. Bon appétit, Sarah! »

Ca pourrait etre encore pire ? Sarah en doutait... mais elle n'en dit rien. Qui sait, peut-etre se trompait-elle lourdement. Enfin, ce n'etait pas peut-etre mais sans doute... qui etait-elle pour se permettre de juger avec autant d'affirmation cet endroit. A voir les reactions d'Elizabeth, elle devait y vivre de puis longtemps, des annees surement. C'etait surement elle qui avait raison. Mais ce n'etait pas pour autant plus rejouissant. A l'idee de se trouver entre les mains d'humains a moitie fous, la jeune fille frissonna. Ce qui l'effrayait egalement, c'etait l'etat dans lequel elle pourrait se trouver au moment fatidique, et comment est-ce qu'elle reagirait. Violemment ? Courageusement ? Peureusement ? Stupidement ? Bah, autant eviter de se faire des noeuds au cerveau en y pensant maintenant. Sarah se surprit a realiser qu'elle prevoyait presque... son avenir. Jamais auparavant elle n'avait fait ca. Son mode de vie ne lui imposait qu'une seule et unique maniere de survivre : Carpe diem. Vivre au jour le jour. Alors pourquoi changer ca maintenant ?

* Parce que ta vie change... elle changera peut-etre pour toujours a partir de maintenant... *

Sa socialisation remettrait-elle en question des annees de certitudes dans le monde sauvage ? Surement... il y aurait des epreuves difficiles a surmonter, des moments difficiles... mais elle reussirait. S'adapter... changer... ou mourir. Telles etaient les trois solutions qu'offraient le monde animal. S'adapter semblait ici la meilleure solution a ses yeux. A dieu vat...
Ecoutant une derniere fois les paroles d'Elizabeth, la mutante lui rendit un sourire timide et reconnaissant, avant de reculer de quelques pas vers l'endroit d'ou elles etaient arrivees.

" Je te remercie. J'espere aussi qu'on se reverra... Je saurai me souvenir de ma dette envers toi. A bientot, peut-etre. "

Apres un dernier sourire et un petit signe de la main, Sarah s'engagea dans les couloirs sinueux a la recherche du fameux endroit ou l'on pouvait se restaurer...

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