Un secrétaire-surveillant se pointe! [PV Méa]

Richter déposa sa valise sur le sol. Dehors, il pleuvait énormément. Il passa une main dans ses cheveux trempés en soupirant, songeant que cette salle était… loin d’être accueillant. Lui faisait-on une mauvaise blague? Si c’était cas, cela n’avait absolument rien de drôle. Walls regarda sa montre. Il n’était ici que depuis trois minutes et pourtant, il avait déjà envie de partir d’ici. Cette pièce lui donnait la chair de poule, sans qu’il comprenne réellement pourquoi. Peut-être était-ce dû à l’étroitesse de l’endroit ou à ces néons qui semblaient bien éblouissant, dans cette pièce qui ressemblait surtout à une chambre d’hôpital psychiatrique.

« Je me demande si quelqu’un est supposé venir. Déjà… cinq minutes que je suis ici. »

Cinq minutes et toujours personne ni le moindre bruit dans le couloir. Pourtant, on lui avait indiqué d’attendre ici. À moins qu’il ne se soit trompé de salle? Se serait fort possible, Tnatum semblait être un établissement très grand.
Reprenant sa valise de cuir en main, il se dirigea de nouveau vers la porte lorsque celle-ci s’ouvrit quand il posa la main sur la poignée. Sursautant, il recula d’un pas. Une jeune femme se tenait devant lui. Il ne l’avait jamais vu. Il ne savait même pas qui elle était supposée être.
Il redéposa sa valise sur le sol, s’écartant pour laisser la jeune femme entrer. Il n’était peut-être pas très bavard, mais il se montrait toujours poli.

« … Vous êtes…? »

La jeune femme marchait lentement dans les couloirs. On avait fini par lui attribuer un bureau puisqu’elle avait finalement accepté l’offre de ce cher Heartnet. Malheureusement pour tous, elle ne s’y trouvait jamais. Même de nuit, elle préférait de loin vagabonder dans les couloirs. Et lorsqu’il avait tendance à annoncer une tempête, à aller se précipiter à l’extérieur. Elle adorait lorsque les éléments se battaient entre eux afin de savoir qui vaincrait. Et comme le froid, l’humidité et la saleté ne l’affectaient pas, elle n’en profitait que plus souvent encore.

Ce fut une des raisons qui poussa la jeune femme à être légèrement en retard à l’accueil. Un garde, un parmi tant d’autre, l’avait ainsi suivit une bonne partie de la journée pour finalement avoir le courage de lui annoncer qu’on l’avait chargé d’accueillir un nouveau membre du personnel. Ce qu’elle avait aussitôt trouvé amusant. Une nouvelle victime de son charmant pouvoir – tiens, quel jeu de mot! – peut-être? Elle verrait bien assez tôt…

Se déplaçant toujours aussi silencieusement, elle s’approcha de la salle d’accueil. Le garde l’ayant suivit se mit aussitôt à fixer celui qui gardait la porte de la salle. À peine la jeune femme eu mis la main sur la poignée que les deux hommes s’engueulaient pour savoir qui la protégerait le mieux en premier et tout le tralala habituel.

« Voir si vous arriviez à me protéger… Je suis plus dangereuse pour eux que quiconque pour moi-même, imbéciles…, songea-t-elle avant d’entrer. »

Le jeune homme avait eu l’air d’être surpris de la voir ainsi arriver. La jeune enchanteresse se doutait bien que la salle était isolée, mais pas au point de couvrir l’engueulade qui se déroulait de l’autre côté… Si?

Entrant toujours aussi silencieusement dans la pièce, la jeune femme n’eut qu’à faire un léger mouvement des doigts pour que la porte se referme aussitôt derrière elle, le verrou se bloquant automatiquement. Ce qui n’était en aucun cas pour elle. Il ne lui suffisait que d’un simple effort pour arriver à l’ouvrir de l’intérieur. Mais, pour l’instant, ce serait parfait. Les deux hommes préhistoriques semblaient encore en train de se hurler après, ce qui commençait à lui donner un sérieux mal de tête. Se massant les tempes distraitement pour le chasser de là, la jeune femme regarda l’homme de son regard hautain, mais, il fallait le dire, était si agréable à voir.

« L’on m’appelle fréquemment Méa, de mon vrai nom Méan (avec un léger accent). Même si la plupart des gens ici me considèrent comme une mutante, je suis un des deux co-directeur de l’établissement. Vous êtes sûrement le nouveau membre du personnel que l’on m’a demandé de venir accueillir, n’est-ce pas? »

La porte s’était refermée d’un simplement mouvement de doigt de la part de cette femme. Magie ou la porte possédait-elle un système pour se refermer toute seule après avoir été ouverte pendant un certain temps? Richter opta plutôt pour la seconde solution.
La femme devant lui était magnifique. L’une des plus belles femmes qu’il ait jamais vu, en fait. Elle avait un air hautain. Un air qui allait plutôt bien avec son rôle de codirectrice. Richter, par contre, ne saisit pas très bien le mot « mutante ». Qu’entendait-elle par cela? Qu’elle était un genre de monstre à moitié humain?

« Oui, c’est probablement moi. Je suis Richter Walls. On m’a dit, dans la lettre confirmant le fait que j’étais engagé ici que l’on me donnerait plus de détails une fois que je serais à Tnatum. J’ai envoyé mon curriculum vitea à plusieurs endroits, mais je ne me souviens pas d’avoir postulé ici. »

Richter jeta un coup d’œil à la porte. Il allait paraître idiot de pauser de genre de questions, mais il préférait mettre les choses au clair dans sa tête :

« Puis-je me permettre de vous poser une question? Vous avez dit être… considérée comme une Mutante… Qu’est-ce que cela signifie? »

Méan ne ressemblait en rien à ce que l’on pouvait voir dans les films. Dans les films, les Mutants ressemblaient surtout à des genres de zombies sans cervelle. Elle était même très jolie cette jeune femme.

La jeune enchanteresse se massait toujours légèrement les tempes, ne se souciant pas vraiment de l'homme nouvellement engagé. Il n'avait en rien l'air spécial dans son genre, ce qui fit soupirer la jeune femme. Un autre incompétent qui se pointait... Elle regrettait de ne pas avoir demandé à l'isolent qui l'avait suivie le dossier de cet homme ci-présent. Elle tâcherait de se débrouiller avec le peu d'information qu'elle avait réussie à obtenir.

« Richter Walls... Hmm... Vous êtes sûrement l'homme que cherchait à obtenir le Directeur... Et bien, bienvenue à Tnatum mon cher Walls. Pour ce qui concerne votre acceptation ici, je suppose que c'est notre charmant Directeur qui vous a trouvé. Rare sont ceux qui connaisse l'existence de l'établissement en dehors de celui-ci. Le fait est que ce ne sont pas les vulgaires humains qui font une demande pour venir travailler ici. C'est un certain priviliège que la direction - le Directeur, le Co-Directeur et moi-même désormais - offre à certaines personnes. »

Méa pris une légère pause pour relâcher ses tempes. Ses maux de tête étaient passés, maintenant que les deux hommes de l'autre côté de la porte étaient partis plus loin se bagarrer. Reportant alors son attention sur ce Richter, elle poursuivit, d'un léger ton lasse:

« Pour ce qui est de l'établissement lui-même, c'est en partie à vous de vous renseigner. En général, des scientifiques très expérimentés et suivant la plus haute pointe de la technologie font des recherches, des expériences et beaucoup d'études sur les mutants qui sont enfermés ici - quoi qu'ils sont libres de circuler partout sur le territoire sécurisé de l'établissement. Je précise que c'est en général ce qui se passe. Je ne voudrais surtout pas appeurer le nouveau membre du personnel que vous êtes avant d'en être parfaitement préparé... »

Il avait jeté un coup d'oeil à la porte. Pff... Un autre qui songeait sûrement à s'évader... Dommage, la jeune femme n'avait pas le don de fouiller son esprit pour se le confirmer. Il n'y avait que sa chère fille, pleine de talents divers, qui le possédait.

« Ce que cela veut dire? Hey bien, c'est le qualificatif employé ici pour désigner une personne dotée de "pouvoirs". Des gens comme vous qui n'en possédez aucun sont qualifiés d'humains. Mais, si vous voulez mon avis, ces personnes, et elles sont nombreuses, ne sont que des bâtards, de vulgaires âmes dérangées. Ils n'ont qu'une parcelle de pouvoir, de supériorité même, mais n'ont aucunement idée du comment s'en servir correctement, contrairement à moi-même. »